Le frère de Nelly s’appelait Paul (1878-1941). Après des études de droit à Poitiers, il fut juge suppléant à Ancenis (1907) puis à Parthenay (1911) et devint avocat. Il partagea sa vie entre la maison de Bressuire et le « château » de Chiché, autre propriété de la famille Ardouin. Juriste, Paul était également passionné par la littérature et les arts. Il publia de nombreux poèmes dans la Revue littéraire et artistique, éditée à Paris, puis deux recueils, Les Lambeaux de mon rêve (éditions Georges Clouzot, Niort, 1921) et Le Thyrse fleuri (éditions de la Revue Littéraire et Artistique, Paris, 1931).
Sa poésie est dominée par un sentiment de la nature riche en symboles, dans la lignée de Paul Verlaine, de François Copée ou Jean Moréas, qui furent ses modèles. Il entretint des relations amicales avec d’autres écrivains de son époque, dont l’avocat et poète Francis Eon et le philosophe Camille Mélinand, avec qui il eut une correspondance régulière.
Paul Ardouin notait ses poèmes dans des carnets. Selon le témoignage de l’imprimeur Henri Dureau, qui était son voisin, il les lisait ensuite à voix haute. Lorsqu’il était enfant, dans les années 1930, M. Dureau l’entendait régulièrement déclamer ses poèmes dans son jardin, depuis la rue de la Cure Saint-Jean.
Les plus anciennes photographies datent des premières années de mariage du couple Ardouin, qui avait dû faire l’acquisition d’un appareil pour enregistrer ces moments fondateurs de leur foyer. Il est cependant probable que Paul ait repris le flambeau et soit l’auteur de la grande majorité des photographies retrouvées. On y perçoit en effet la même sensibilité artistique que dans ses poèmes : le goût du pittoresque et de la composition (utilisation de draps, de costumes, d’accessoires), l’attrait pour des scènes de genre qui témoignent de la vie familiale et sociale, et pour des paysages nimbés d’une lumière impressionniste. Si la plupart des clichés mettent en scène les loisirs et divertissements de la famille Ardouin et de leurs amis, représentants de la bourgeoisie des Deux-Sèvres, certains enregistrent des évènements de la vie locale : sorties d’école ou de messe, foire sur la place Saint-Jacques, marché aux bestiaux, communions, travaux des champs, scènes rurales, qui constituent un très intéressant témoignage ethnographique sur la vie dans le bocage bressuirais à l’aube du XXe siècle.
Au niveau géographique, les photographies ne se limitent pas à la seule commune de Bressuire. On note également des clichés pris à Moncoutant, Chiché, Chanteloup, Argentonnay, Oiron (commune natale d’Hélène Foucart), Ménigoute (commune natale d’Henri Ardouin), Niort et Poitiers (lieux d’étude de la famille), Royan et Les Sables d’Olonne (lieux de villégiature), mais également à Paris (construction du Sacré-Coeur, cathédrale Notre-Dame et tour Saint-Jacques, jardin d’acclimatation). Certaines photographies ont été prises à Andrinople et Constantinople (actuelle Turquie), région où s’installa l’ingénieur Émile Foucart, beau-frère des Ardouin, pour diriger une manufacture de céramique.