Retour sur une époque où l’on ne faisait pas de shampoing, mais des frictions.
Le salon de coiffure Henri Martineau était situé place de la Sous-Préfecture (aujourd’hui place du 5 mai) juste à l’emplacement actuel de Miss Pizzas. Sa devanture décrit bien ses services : salon pour dames, spécialité de postiches et parfumeur. Grâce aux annuaires des Deux-Sèvres de 1900 à 1951, on sait qu’il était en activité entre 1901 et 1936. Antonin Bourreau y fut ouvrier avant d’ouvrir son propre salon, route de Nantes (boulevard Alexandre 1er). Le sien est recensé en 1936 sur l’annuaire, il arrêtera prématurément son activité en 1965 pour des raisons de santé. Il aura pour dénomination « Coiffeur » avec la touche personnelle : « Tonin ».
Tout le monde l’appelait ainsi. Les Archives municipales de Bressuire collectent depuis 2007, les témoignages et souvenirs des bressuirais. Cette fois-ci, c’est Jean-Paul Bourreau, le fils d’Antonin qui s’est prêté à cet exercice, lors de la conception de l’exposition : « Bressuire raconte ses commerces d’antan, 1900-1950 ». Jean-Paul se souvient enfant, que dans le salon de son papa, il y avait « toujours du monde. La convivialité était au rendez-vous et personne ne trépignait d’impatience s’il devait y avoir de l’attente. Les gens avaient le temps. Ils venaient de partout, de Breuil-Chaussée, de Terves à pied. C’étaient les ouvriers de l’abattoir, les gens qui travaillaient à la gare, des médecins, des avocats… Toutes les couches de la population y étaient représentées » rappelle-t-il.
Parmi tant d’autres, un souvenir particulier. À l’époque, « les coiffeurs ne faisaient pas de shampoing mais ce que l’on appelait plutôt des frictions. Tonin inondait la tête du client avec une eau de Cologne d’un parfum singulier, avec une serviette retirée d’une pile parfaite, frottait la chevelure et la tête avec énergie. C’était l’horreur, la serviette n’était plus très présentable ». Il se souvient aussi de tous ces accessoires et produits : le Cuir de Russie (grand parfum pour hommes), le coupe-choux avec le cuir d’affûtage, la tondeuse à main, la fameuse gomina pour bien plaquer les cheveux longs en arrière…
L’exposition « Bressuire raconte ses commerces d’antan, 1900-1950 » a été l’occasion pour le service des Archives municipales de dresser un état non exhaustif des petits commerces, artisans de la ville. La collaboration d’Histoire et Patrimoine du Bressuirais par ses connaissances de l’histoire locale, le fonds documentaire ainsi que les archives conservés dans le service, par le prêt des bressuirais de multiples documents, photographies et objets dérivés, permettent aujourd’hui d’en faire la présentation. Un catalogue a édité pour l’occasion.
La série Num est composée des reproductions photographiques des particuliers, ils ont procédé à un don numérique auprès du service des Archives municipales.