Parmi les commerces d'antan figure celui d'Henri Violau, transporteur. Son activité, lié notamment à la vie locale, fut le reflet d'une époque.
L’exposition « Bressuire raconte ses commerces d’antan, 1900-1950 » en 2017, a été l’occasion pour le service des Archives Municipales de présenter un certain nombre de petits commerces, usines, artisans, garages et aussi des transporteurs.
L’histoire du transporteur Violau nous est racontée par deux de ces petits-enfants, Claude Just et Christian Tronquet, cousins nés le même jour en 1947.
Le camion de leur grand-père était, ce qu’ils aiment à croire, « le plus gros et le plus beau du canton ». Cette photographie qui avait été prêtée pour l’exposition par Christiane née Violau, date d’avant 1941. Elle a été prise devant leur maison de l’époque, 37 boulevard du Maréchal Foch.
Juste au-dessus de la cabine, sont inscrits son nom H. Violau, son adresse : boulevard du Maréchal Foch – Bressuire – Deux-Sèvres et, chose très rare à l’époque, son numéro de téléphone : 169.
Trois grosses lettres énigmatiques inscrites en blanc en haut de la partie droite de la cabine sur la porte « ATD » signifiaient : Autorisation Tous Départements, donnant le droit de circuler dans toute la France. Un avantage pour l’époque.
« Avant cet achat, grand-père avait été ouvrier agricole, porteur de pain et employé au gaz pour charger le coke dans le four. En 1916, il part à la guerre, il n’a que 18 ans. En 1921, il épouse Marguerite Guémon, notre grand-mère maternelle, une fille de paysans de la Goderie de Clazay ». Quatre enfants naîtront de cette union : Odette (maman de Christian), Pierre, Christiane (maman de Claude) et Paulette.
« Notre grand-père, Henri, était né dans la ferme de la Guéserie » sur les bords du Dolo au pied du château. » En 1927, il achète un fonds de commerce d’embarquement et vente de fourrage. « Bien que ne possédant pas le permis de conduire, il crée une société de transport de marchandises et déménagement sur toute la France et prend pour associé Gilbert Colin, titulaire du permis de conduire. »
Avec ce camion, il transportait des bovins depuis les foires de la région vers la gare de Bressuire où se faisaient les embarquements après paillage des wagons. Ce paillage se faisait à l’aide d’un tombereau tiré par un cheval nommé « Mouton» du fait de son extrême douceur. « Le paillage servait au relatif bien-être des animaux qui, ainsi, ne pataugeaient pas trop dans leurs excréments lors des longues transhumances ferroviaires qui les menaient vers les abattoirs de la Villette ou Vaugirard à Paris. » Les bêtes avaient auparavant été achetées par les marchands de bestiaux qui les faisaient expédier à leurs destinataires.
En 1941, le camion et son nouveau chauffeur – André Ouvrard – sont réquisitionnés par l’Armée Française. Grand-père continue sa tâche en allant chercher les animaux à pied, parfois à plusieurs kilomètres, pour les amener jusqu’au quai d’embarquement qui se trouvait en face des abattoirs.
En 1946, Henri Violau, cède son droit de circulation au Transporteur Blanchard, un vendéen de Saint-Prouant et fait l’acquisition d’un fonds de commerce, le café de la famille Roux, situé 51, boulevard du Maréchal Foch. « Il sera tenu par grand-mère qui réalisera son rêve, « de faire à manger aux gens », le transformant en pension de famille avec deux chambres d’hôtel ».
Devenu le R.T.T : Resto Traiteur Tapas, il a été détruit par un incendie l’été 2021.