Maison et jardin de la famille Ardouin au 27, rue Duguesclin (actuellement rue Boussi)
En 1878, deux ans après leur mariage célébré à Oiron, Henri Ardouin et son épouse Hélène, née Foucart, achètent la maison et le jardin du 27, rue Duguesclin (aujourd’hui rue Boussi), dans le quartier Saint-Jean de Bressuire. Ces biens formant un ensemble délimité par les rues Duguesclin, Barbaud, du Péré et de la Cure Saint-Jean, étaient auparavant divisés en plusieurs parcelles qui appartenaient à Bathilde et Augustine Bernard, d’une part, et à Clodomir et Georgette Barbaud, d’autre part.
Ces trois familles appartenaient à la notabilité bressuiraise du 19ème siècle et possédaient d’importants biens immobiliers. Ce pouvoir économique allait de pair avec un pouvoir politique. Notons que Clodomir Barbaud, président du tribunal civil, Bathilde Bernard, propriétaire, et Henri Ardouin, avoué, furent successivement maires de Bressuire de 1865 à 1901.
Les photos mettent en scène la vie privée de la famille Ardouin. Côté jardin, les poses sont détendues, révélatrices d’une intimité ou du plaisir des retrouvailles lors de rassemblements familiaux plus larges dont on cherche à conserver le souvenir. On accorde une large place aux enfants et à leurs jeux. Les domestiques et les amis du voisinage accompagnent ces moments familiaux.
Merci à Mme Isabelle Hillaireau, descendante de la famille Joguet, pour son aide précieuse. Elle a pu confirmer les hypothèses d’identification de nombreuses personnes présentes sur les photographies.
Hélène Ardouin, née Foucart (1853-1937), pose devant la porte-fenêtre du salon. Un drap blanc met en valeur sa robe noire ornée de dentelle.
Hélène et Henri Ardouin (1850-1922) posent sur la terrasse du premier étage qui prolonge leur chambre conjugale.
Hélène Ardouin pose au milieu de son jardin. On distingue la porte du vestibule et la dentelle de bois de la façade de la maison en arrière-plan.
Hélène Ardouin en costume de deuil, tenant la main d’un petit garçon. Sans doute l’un de ses petits-fils Métayer, Michel (1900-1966) ou Alain (1906-1975).
Portrait de Suzanne Foucart (1862-1940), soeur d’Hélène Foucart épouse Ardouin.
Hélène Foucart et son mari Henri Ardouin devant le treillis et la vigne qui jouxtent la fenêtre de son bureau d’avoué.
Quatre personnes, dont le couple formé par Hélène et Henri Ardouin, assis sur un banc du jardin. La porte-fenêtre permettait d’accéder au salon.
Sans doute des voisins et amis des Ardouin, posant à l’angle de la rue Duguesclin (aujourd’hui rue Boussi) et de la rue de la Cure Saint-Jean. De l’autre côté du mur se trouve le bureau de l’avoué.
Le jeune Paul Ardouin (1878-1941), pose sur le trottoir de la rue Duguesclin (aujourd’hui rue Boussi) dans son uniforme de collégien. Il est alors élève au collège Henri IV de Poitiers.
Vers 1890. Portrait de Paul Ardouin sur la terrasse de l’étage.
Vers 1900. Paul Ardouin pose devant un drap. Il porte la faluche des basochards, c’est-à-dire le béret des étudiants en droit de la faculté de Poitiers.
Vers 1900. Paul Ardouin, même série, portrait de trois quarts sans la faluche. Photo prise dans le jardin côté rue Barbaud, comme l’atteste la présence d’une échelle visible à ce même emplacement sur d’autres photos.
Paul Ardouin pose dans son costume immaculé. Sa ceinture évoque une origine ottomane, peut-être un cadeau de son oncle Emile Foucart, qui vécut plusieurs années dans la région de Constantinople.
Le docteur Léopold Métayer (1873-1954), époux de Nelly Ardouin, soeur de Paul, pose devant la fenêtre du bureau de son beau-père Maître Henri Ardouin.
Pierre-Gustave Joguet, oncle de Hélène Ardouin. Une partie de la façade est recouverte d’un tissu blanc pour mettre en valeur sa silhouette. Né à Bressuire en 1830, fils d’un avoué de la rue de la Vergne, M. Joguet fit une licence en droit à la Faculté de Poitiers. Il devint avocat, juge de Paix (La Jarrie, Thouars, Saintes), juge d’instruction (Saintes), président du tribunal de Marennes, juge à Niort, et enfin conseiller à la Cour d’appel de Besançon puis de Poitiers. Conseiller municipal de Thouars où ses parents étaient nés, il s’opposa avec succès au projet d’aliénation du château de Thouars, dont la commune, propriétaire depuis la Révolution, voulait se défaire pour éviter de prendre en charge son entretien. Il mourut en 1914.
Vers 1900. Les Ardouin et les membres de leur famille sur la terrasse de leur maison, avec son décor de treillis recouverts de lierre et de vigne-vierge. En arrière-plan, on aperçoit le bureau de l’étude de Maître Henri Ardouin et le vestibule d’entrée lambrissé où attendaient ses clients. De gauche à droite au second rang : Marie Joguet épouse Fourétier; Emma-Jenny Lejeune épouse Jabouille, veuve d’un avocat, ancien préfet du Maine-et-Loire; Sophie Saucerotte, épouse Joguet; Hélène Ardouin; Paul Ardouin, avocat; Emile Fourétier, notaire à Chauvigny; Sébastien Bouju, vétérinaire à Chiché; Berthe ou Suzanne Foucart (?); Henri Ardouin, avoué; Pierre-Gustave Joguet, ancien conseiller à la Cour d’appel de Poitiers. Au premier rang, des enfants Jabouille, Fourétier et Bouju. Pierre Jabouille, qui porte la barbe, deviendra un ornithologue renommé. Au dernier rang, l’homme qui porte un canotier n’est pas identifié.
Autre vue des familles Ardouin, Jabouille, Joguet et Fourétier sur la terrasse, côté bureau.
Photo mortuaire d’une femme sans doute prise à l’intérieur de la maison.
À la fenêtre de son étude, Henri Ardouin. Posant sur la terrasse, son beau-frère Sébastien Bouju, vétérinaire à Chiché, et deux de ses enfants, Pierre (né en 1888) et René (1883-1973). L’homme de gauche n’est pas identifié.
Un groupe pose sur la terrasse, devant la fenêtre de l’étude. On reconnaît Léopold Métayer et Henri Ardouin, debout au second plan.
Un épagneul pose devant la terrasse. À l’arrière-plan, la perspective du bureau de Maître Ardouin.
Un homme assis, présent sur la photo précédente, pose dans le jardin côté rue Barbaud.
Une femme pose devant la porte du jardin donnant sur la rue Barbaud.
Un groupe pose sur la terrasse, devant la fenêtre de l’étude. On reconnaît Léopold Métayer et Henri Ardouin, debout au second plan.
Deux hommes posant devant la façade où court un pied de vigne, à côté de la fenêtre de l’étude de Maître Ardouin. Peut-être sont-ils ses collaborateurs.
Une femme âgée devant la porte du jardin donnant sur la rue Barbaud.
Menuisier posant avec un rabot et une scie devant la porte donnant sur la rue Barbaud.
Trois personnes, sans doute un couple et leur fille, posent devant le mur du jardin qui donne sur la rue Barbaud. L’homme apparaît sur la précédente photo avec des outils de menuisier.
Un petit enfant assis à l’ombre d’un palmier, non loin de la terrasse.
Jeune fille dont le costume évoque la Belle-au-bois-dormant, filant la laine à l’aide d’un rouet. Elle pose sur la terrasse de l’étage, la main sur un berceau. Cette photographie rappelle les atmosphères de contes appréciées par Paul Ardouin. Il écrit dans son poème « La légende dorée », dédié à ses « neveux et nièces » : « Nous nous retrouverons aux légendes dorées, Oh mes petits-enfants ! mes têtes adorées (…) J’évoquerai pour vous plus d’un conte charmant, je vous dirai pourquoi la Belle-au-bois-dormant dormit cent ans dans un château bâti de songe ».
Louise Bouju, cousine de Paul Ardouin, en costume d’Alsacienne devant la porte du serre-bois, la main posée sur un rouet. L’Alsace est alors occupée par l’Allemagne et ce costume a donc une évidente dimension patriotique.
Petite fille en costume d’Alsacienne, posant sur la terrasse de l’étage.
Jeune fille posant près du cabanon de briques qui se trouve à mi-jardin, côté rue Barbaud. Sur la façade s’accroche une glycine encore vivace en 2022.
Vers 1895-1900. Les trois sœurs Fourétier, Andrée, Catherine et Françoise posent dans une voiture d’enfant en osier. Les Fourétier, cousins des Ardouin, vivent alors à Chauvigny. Scène prise dans le jardin, côté rue de la Cure-Saint-Jean.
Même série. Andrée Fourétier (1890-1945) fait mine de transporter ses sœurs devant un décor de vigne-vierge.
Trois jeunes enfants posent sur un banc, devant la porte du jardin qui donne sur la rue Barbaud.
Jeunes filles en tenues d’hiver dans le jardin. À l’arrière-plan, le fronton triangulaire de la maison de Clodomir Barbaud, président du tribunal civil, de l’autre côté de la rue du même nom.
1916. Membres de la famille Ardouin posant sur la terrasse. Hypothèses d’identification : au premier rang, peut-être Michel et Alain Métayer encadrant leur arrière-grand-mère Nelly Joguet (1832-1918) épouse de Charles Foucart; au second rang, le couple de Henri et Hélène Ardouin (à peine visible).
Photo datée et localisée : Bressuire, septembre 1916. Membres de la famille Ardouin posant sur la terrasse côté bureau. Assise au centre, Nelly Joguet (1832-1918) épouse de Charles Foucart; debout à droite, sa fille Hélène Foucart et son mari Henri Ardouin; peut-être les enfants Michel et Alain Métayer.
Jeune garçon posant devant la porte du jardin qui donne sur la rue Barbaud. Sans doute Michel ou Alain Métayer.
Un garçonnet juché sur un jouet représentant un mouton pose dans le jardin côté rue Barbaud. Il s’agit sans doute de Michel ou Alain Métayer.
Un garçonnet en costume marin pose devant un laurier-palme. Peut-être Alain Métayer, né en 1906.
Une domestique tient sur ses genoux un enfant (sans doute Michel ou Alain Métayer) sur la terrasse
Une domestique portant le bonnet rond et le costume traditionnel de Bressuire pose sur la terrasse.
Un couple de domestiques pose devant la porte du jardin qui donne sur la rue Barbaud. Hypothèse d’identification d’après le recensement de Bressuire en 1901 : Joseph Chessé (61 ans) et Madeleine Poupelin (58 ans) qui logeaient à cette époque dans la maison.
Domestique coiffée du bonnet rond de Bressuire, posant sur la terrasse du premier étage. Le store rayé de la fenêtre est recouvert d’un tissu fleuri pour mettre en valeur sa silhouette.
La même domestique posant avec une autre jeune femme devant un pied de laurier-palme.
Les deux mêmes jeunes domestiques posant devant un pied de laurier-palme.
Un domestique des Ardouin (peut-être Joseph Chessé, voir photo précédente) pose avec un cheval dans le bas de la rue Duguesclin (actuellement rue Boussi). Le photographe est installé au niveau de l’écurie de la maison des Ardouin, logement du cheval. Tout à gauche, donnant sur la voie ferrée, on aperçoit la maison qui appartenait au député François-Narcisse Boussi puis à son fils Paul, médecin, qui donna son nom à la rue. On peut remarquer une petite fille qui remonte la rue de la Cure Saint-Jean.
Deux voitures hippomobiles à quatre roues sur un chemin de terre. Dans la première voiture, peut-être tirée par le cheval de la photo précédente, on reconnait Henri Ardouin, à l’avant, tenant les rênes, et à l’arrière, son fils Paul Ardouin coiffé d’un canotier. La seconde voiture est conduite par un homme en blouse de travail. Paul Ardouin écrit dans un poème intitulé « les huit portes » : « Nous avons conservé, malgré l’automobile, un bon cabriolet qui nous mène à la ville. Un cheval le conduit, entrez, c’est Matamore. Voyez sa tête fine en ce beau rayon d’or qui vient de la fenêtre; il est bien fait, l’échine fière, souple et nerveuse, le poil est frais. Il nous mène bon train ! »
Un paysan, visible dans une des carrioles de la photo précédente, descend la rue Barbaud, alors en terre battue. Précédé par un cheval, il escorte deux bœufs tirant un lourd tombereau. Derrière le mur qui entoure la propriété Ardouin, on aperçoit la façade de la maison, reconnaissable à son décor de treillis et à sa frise de dentelle de bois, typique de l’architecture de la fin du XIXè siècle. On remarque, en haut à droite, la présence d’un réverbère. Le chemin qui part vers la gauche est la rue du Péré.