Archives Municipales Bressuire, 70 Z

Ancien maire et sénateur radical de Bressuire, René Héry était opposé au vote féminin. La Ligue française pour le droit des femmes ne l’épargnait pas.

Au début de l’année 2019, les Archives Municipales ont eu l’occasion d’acquérir un fonds d’archives ayant appartenu à Monsieur René Héry représentant un peu plus de 100 pièces.

La revue numéro 69 de l’association Histoire et Patrimoine du Bressuirais de 2013, propose un article rédigé par Anne-Sarah Bouglé-Moalic, sur cet homme qui a dirigé la ville de Bressuire pendant plus de 40 ans et qui était entre autres, contre le droit de vote des femmes.

« René Héry, sénateur radical des Deux-Sèvres de 1920 à 1941. Né en 1870 à Bressuire, René Héry consacre à sa commune et à son territoire la majeure partie de sa vie. Après des études de droit à Paris, il devient avocat, une profession qu’il met notamment au service de ses idéaux républicains, en tant que défenseur de la Ligue des droits de l’Homme et du citoyen, dont il assure la présidence locale. En 1896, il est élu conseiller municipal puis, en 1901, maire de Bressuire, fonction qu’il occupe jusqu’en 1941, lorsqu’il est démis par le régime de Vichy. »

Il décédera à Bressuire le 8 août 1941.

Ce fonds se compose d’une trentaine de correspondance avec des associations, commerçants et artisans bressuirais, le ministère de la Guerre, le ministère de la Défense, la Ligue française pour la défense des droits de l’Homme et du citoyen, le Syndicat professionnel agricole des Deux-Sèvres, les architectes Barbaud et Bauhain…

Figurent aussi parmi ces documents quelques tracts électoraux, affichettes et livrets de programmes de différentes manifestations culturelles et sportives, patronage, cartes d’invitations ainsi que des affiches relatives aux élections auxquelles il était candidat.

René Héry, tel que le rappelle Anne-Sarah Bouglé-Moalic, s’est aussi fait connaître en tant que qu’antisuffragiste engagé. « Il fut l’archétype de l’opposant au suffrage féminin. »

En témoigne ce tract rédigé par la Ligue française pour le droit des femmes, dont le texte est assez surprenant et marque l’humour que pouvez avoir sa présidente, Maria Vérone, dans les années 1930.

Ce support s’appuie sur une déclaration de René Héry, parue dans « La Petite Tribune » du 11 mars 1930, à propos de la composition du ministère Tardieu :

« L’économie nationale, la santé publique sont érigées en ministères. C’est follement amusant, à s’en taper le derrière par terre au cri de Vive la République ! » avait alors déclaré le parlementaire.

La Ligue française pour le droit des femmes, n’appréciant que peu les réactions et discours de René Héry, répliquera alors avec ironie : « Ne pensez-vous pas que l’Economie nationale et la Santé publique peuvent être érigées en ministères sans qu’il y ait là matière à exciter la folle gaîté d’un de vos représentants ? »

Après avoir détaillé l’intérêt d’intégrer la notion de la Santé publique au sein des ministères, l’invitation au sursaut démocratique est lancée en direction de ces messieurs, les seuls à alors pouvoir s’exprimer ainsi :

« Electeurs, si Monsieur le Sénateur René Héry est incapable de comprendre ces choses, laissez-le par terre et remplacez-le dès que vous le pourrez. »

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