Le Fonds Ardouin comprend sept photographies prises à Niort. Six d’entre elles mettent en scène la Place et le Jardin de la Brèche. Deux personnages récurrents se promènent dans ces lieux : le collégien René Bouju (1883-1973), sans doute élève au lycée Fontanes tout proche, et sa tante Marguerite Foucart (née en 1865 à Oiron), épouse d’un professeur de rhétorique de ce même lycée, Ernest Vivien, dont nous avons ajouté le portrait.
Différents aspects de la Brèche nous sont montrés : marché aux chevaux et aux mules, carrousel de la foire, aménagements des jardins. Plusieurs photographies mettent joliment en valeur les statues apparues dans le jardin dans les années 1880 sous l’égide d’Antonin Proust, maire et ministre des Arts de Léon Gambetta, désireux d’embellir la place centrale du chef-lieu des Deux- Sèvres et de faire œuvre pédagogique dans le domaine de l’art. Certaines, dont « l’Apollon du
Belvédère » et « Somnolence », se trouvent aujourd’hui au Musée Bernard d’Agesci. Quant à « Persée et la Gorgone », elle a été refondue par décision du régime de Vichy, en 1942.

Fonds Ardouin. Collection Famille Chevillard, 104 Z 032

Vers 1895. René Bouju (né à Oiron en1883 – décédé à Chiché en 1973), en uniforme de collégien, pose devant la statue en bronze de « l’Apollon du Belvédère », copie d’après l’antique attribuée à Hubert Le Sueur qui se trouvait depuis 1881 (dépôt du Louvre) dans le jardin de la Brèche, et se trouve aujourd’hui au musée Bernard d’Agesci. Fils de Sébastien Bouju, vétérinaire formé à Toulouse, René exerça également cette profession. Marguerite Foucart est probablement une des femmes assises sur le banc, à gauche, un mouchoir dans les mains.

Apollon du Belvédère. Dépôt de l’Etat en 1881. Transfert définitif de propriété à la ville de Niort accordé par arrêté du ministre de la Culture du 12 juillet 2019 avec gestion par le musée Bernard d’Agesci / Communauté d’Agglomération du Niortais

Fonds Ardouin. Collection Famille Chevillard, 104 Z 009

Jardin de la Brèche. René Bouju, en uniforme de collégien, et sa tante Marguerite Foucart, posent sur le petit pont qui se trouvait à côté du kiosque à musique construit en 1880 et aujourd’hui disparu. La photographie met en valeur, sous la ramure d’un saule, la statue en marbre intitulée « Somnolence ». Oeuvre du sculpteur Etienne Leroux. Acquise par l’État avec attribution au musée du Louvre puis affectée au musée d’Orsay depuis 1986.


Fonds Ardouin. Collection Famille Chevillard, 104 Z 093

Place de la Brèche, un jour de marché. On reconnaît les flèches de l’église Saint-André, à gauche. Marguerite Foucart porte la même robe que sur la photographie précédente. Épouse d’Ernest Vivien, professeur de rhétorique au lycée Fontanes tout proche, elle vivait avec lui au 27, rue de Strasbourg. La photographie amuse par le contraste entre la citadine posant pour le photographe et les paysans en blouse de travail qui regardent la scène en souriant. Elle met surtout en valeur de magnifiques mules, rappelant l’importance de l’élevage des races mulassières dans le sud des Deux-Sèvres.

Fonds Ardouin. Collection Famille Chevillard, 104 Z 273

 

 

Vue générale de la Place de la Brèche, montrant l’atmosphère très animée d’un jour de foire. Les foires de Niort sont alors fameuses par la vente des gros bestiaux, des chevaux, des mules et des mulets. Au premier plan, on remarque l’arrivée groupée de femmes coiffées de cabanières, typiques du marais poitevin, s’abritant sous des parapluies. À l’arrière-plan, les tractations vont bon train. À droite, des citadins coiffés de canotiers marchandent des chevaux avec des paysans vêtus de leurs blouses bleues.

Fonds Ardouin. Collection Famille Chevillard, 104 Z 134

 

Une des plus belles photographies du fonds Ardouin. René Bouju, en uniforme de collégien, et sa tante Marguerite Foucart, observent le magnifique carrousel installé sur la place de la Brèche. Dans la tradition des manèges tournants, ce carrousel est à plancher suspendu avec chevaux sauteurs, harnachés et cabrés. Son fronton est finement décoré et orné de boiseries formant des têtes sculptées. Sous le plafond sont suspendus des lanternes décoratives. Le contraste entre les personnages debout, figés dans leurs blouses lustrées, comme hypnotisés, et l’impression de mouvement émanant des jeunes femmes et des enfants montés sur les chevaux de bois, est saisissant. Au centre, une femme en robe claire semble perdue dans ses pensées.

Fonds Ardouin. Collection Famille Chevillard? 104 Z 233

 

 

 

Partie d’une vue stéréoscopique. Marguerite Foucart épouse de Ernest Vivien, promène son chien dans le jardin de la Brèche. La photographie permet d’observer la beauté du jardin avec son ensemble de statues. Au fond, « Caïn maudit », sculpture en marbre de Ernest-Charles Guilbert, exposée à Paris en 1877 et déposée à Niort en 1879. Et, sur son socle en pierre, « Persée et la
Gorgone », un groupe en bronze de Laurent-Honoré Marqueste. Acquis par l’État en 1877, il est déposé à Niort en 1880. En 1942, il est refondu sous le régime de Vichy.

Fonds Ardouin. Collection Famille Chevillard, 104 Z 236

Partie d’une vue stéréoscopique, même série. Marguerite Foucart, est assise sur un banc du jardin public (aujourd’hui jardin des plantes) qui s’étire sur la rive gauche de la Sèvre Niortaise. À droite, derrière un massif, on aperçoit deux sculptures, dont deux chérubins portant une corne d’abondance. Groupe sculpté de deux enfants et un amour, modèle de Jean Degoullons, en fonte de fer (souvent appelé Les Enfants de Versailles). Œuvre acquise par la Ville de Niort en 1883 / Localisée aujourd’hui dans la réserve du musée Bernard d’Agesci

Fonds Ardouin. Collection famille Chevillard, 104 Z 205

 

 

Portrait amusant d’Ernest Vivien, dans une pose décontractée, portant une volaille sur ses genoux. Cette photographie a été prise devant la maison de ses beaux-parents, Charles et Nelly Foucart, à Oiron. Né à Montrouge (92) en 1858, Vivien fut nommé professeur de rhétorique au Lycée Fontanes de Niort. Veuf, il épousa Marguerite Foucart à Oiron en 1890 et résida avec elle à Niort au 27, rue de Strasbourg. Il s’investit dans la vie locale, fut conseiller municipal républicain et adjoint au maire. En 1885, il écrivit une lettre à Auguste Vacquerie, directeur du journal Le Rappel et beau-frère de Léopoldine Hugo : il annonçait publiquement sa contribution au monument qui devait être érigé à la mémoire du grand poète. Pianiste, il suscita la réprobation d’un journal réactionnaire qui réclama sa démission : on lui reprochait d’avoir accompagné Thérésa, la célèbre « diva du ruisseau », lors d’un concert organisé en 1890 à Niort par la Société de tir. Ce mélange des genres parut injustifiable aux grincheux. Il eut pour élève le capitaine Largeau, célèbre explorateur niortais qui tint à le saluer lors de son retour triomphal en France après la crise de Fachoda (1898). Ernest Vivien mourut en 1902, à l’âge de 44 ans.